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1/30/2018

Silvère Jarrosson, une étoile de la peinture

 La semaine dernière, nous sommes partis à la rencontre de Silvère Jarrosson dans son atelier à Vitry-sur-Seine.. Et quelle rencontre ! Silvère a l'air de ne jamais s'arrêter, et cette dynamique semble d'ailleurs se retrouver sur ses toiles...

Né à Paris en 1993. Diplômé de danse classique à l’Opéra de Paris, il est contraint d’arrêter la danse en 2011 suite à une blessure. Il part alors pour de longues marches solitaires dans les déserts (le Gobi, l’Atacama) et les forêts (Amazonie, Célèbes) avant d’entreprendre un master en biologie. Il apprend à peindre de manière autodidacte, utilisant sa connaissance de la danse pour animer l’acrylique et en faire un matériau vivant (technique dite du dripping, proche de l’action painting). Son style pictural est inspiré par les mouvements dansés, ceux présents dans la nature et ce qui les relie. Ses travaux de recherche scientifiques sur l’apparition des formes dans le monde animal influencent également son travail. Depuis 2014, Silvère expose en France et à l’international.


Après avoir receuilli des informations sur ses oeuvres, nous nous sommes étonnés de voir que Silvère avait un autre talent caché
 : l'écriture .. Focus sur ce texte par ses soins. 

À la fin de sa vie, Francis Bacon raconte dans ses entretiens avec Michel Archimbaud (2) l’intérêt qu’il porte aux maladies de la bouche et plus généralement aux maladies de la peau.

​Par exemple : 

 « Michel Archimbaud : Quelles photos vous ont le plus marqué ? 
Francis Bacon : Oh, je ne sais pas, les photos d’actualité, les photos d’animaux sauvages, les photos de Muybridge, des photos scientifiques, comme dans ce livre sur les maladies de la bouche que j’avais trouvé à Paris, il y a très longtemps, et qui m’avait énormément intéressé… »
 
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Bien que livré sur le ton de l’anecdote, ce point ne peut pas avoir été dit au hasard et entre en résonance avec la peinture de Bacon. On devine chez lui une sorte de fascination pour la chair torturée, qui habite toute sa peinture. Peut-être aussi un intérêt esthétique pour les catalogues de muqueuses saignantes ou blanches, chancres, ecchymoses, croûtes qui se décollent, peaux rugueuses, peaux qui suintent, peaux mates, peaux granulées, peaux éraflées, peaux qui se plissent. Toutes ces peaux qui souffrent, toutes ces peaux malades. On a soudain l’intuition que, pour Bacon, la pratique même de la peinture peut s’apparenter à une maladie de peau : la manifestation extérieure d’une réaction intérieure.
Dans l’œil du peintre, un catalogue des maladies de la peau s’apparente à un catalogue de textures, et rappelle que ces textures naissent et émergent de sous la surface. La texture est une caractéristique interne à la matière, une émanation, vers son dehors, de ses caractéristiques et de ses réactions profondes. C’est bien dans le derme et l’hypoderme que les réactions de l’épiderme prennent leur source. En peinture, on a parfois tendance à vouloir travailler la texture par le dessus, en ajoutant des couches et de la matière, alors que les maladies de peau nous rappellent qu’une texture naît par le dessous, grâce aux caractéristiques premières de la toile et de la peinture.
Je propose donc que l’on cesse de considérer le travail de la texture comme une question à traiter par le dessus et extérieurement à la toile (rajouter ceci ou recouvrir de cela afin de donner plus de matière) pour la travailler par le dessous, en utilisant les propriétés de la peinture.


Comme une maladie de peau, la texture vient des profondeurs et émerge. Elle ne s'ajoute pas par dessus, elle suinte d’en dessous.


Exit donc les techniques d’empâtement. Texture ne signifie ni matière, ni relief, mais simplement surface de la matière et manifestation de cette matière vers l’extérieur ; comme une peau malade sécrète ses fluides. Dans la finesse de la couche picturale, dans la façon dont la peinture se fige, sédimente, coagule, la texture apparaît.
Fort de ce constat, ne peut-on pas alors envisager de textures lisses ? Des œuvres dans lesquelles les propriétés de la matière s’expriment sans aucune épaisseur matérielle. Des impressions de textures, comme ma série d’œuvres Impressions, dans laquelle la couche picturale, hyper mince, parfois même poncée, est presque inexistante. On obtient une texture en niant tout effet de matière, car la texture est cette propriété de la matière qui se manifeste d’autant mieux que la matière est infime. Elle est cette nature qui vit dans l’infiniment peu, dans la retenue du geste, dans l’euphémisme qui porte les grandes profondeurs.
Lorsque les méandres de peinture se délitent, la déliquescence des structures fait entrer l’œuvre dans un nouvel état, informe, dans lequel la peinture n’a d’expression que par ses propriétés intrinsèques. La dissolution des formes présentes sur la toile semble mener dans le cosmos, aux lisières de l’univers. La texture est alors la principale manifestation de cette peinture en plein délitement. Elle est ce qu’il reste quand plus rien de structurel ne subsiste, ce mouvement qui vient après le mouvement, ces micro-fissures et minuscules agglomérats de particules qui se manifestent en s’annihilant. Elle rappelle en cela la peau, à la fois lisse et micro-structurée en cellules, tissus et couches épidermiques. Elle est le mouvement infime du glacier qui devient mate en se fissurant. Elle n’a besoin du mouvement que pour l’abolir, elle est une expression à l’extrême de la matière.


Il faut voir la texture comme une forme d’absolu, une peinture qui s’exprime en disparaissant, un mouvement qui se fige, comme le confins d’un processus. Au bout du processus de l’action-painting, dans le laisser-vivre absolu de la peinture, dans son étalement sans fin, ne subsistent que les jeux de textures d’une peinture qui ne vit que par ses propriétés intrinsèques, sans structures ni matière



                                                                                                                      Silvère Jarrosson


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