Chez ARTE LAB, nous pensons que notre génération, celle des "millennials" n'a jamais été autant touchée par le monde de l'art et son marché. Si le fait d'être rivés à nos écrans nous a sûrement amenés à délaisser l'orthographe, cela nous a problablement permis d'aiguiser notre regard . Le "musée imaginaire" si cher à André Malraux est désormais virtuellement accessible à tous. Et contrairement à la télévision, nous personnalisons nos recherches, sommes même en mesure de créer notre propre collection virtuelle sur les réseaux. Bref, c'était justement où nous voulions en venir : "collectionner" semblerait désormais "accessible" à notre génération.. Il est certain que ce profil de "jeune collectionneur" intrigue les parties prenantes du marché : qui de mieux donc que le leader mondial en matière d’assurance d’oeuvres d'art pour répondre aux problématiques qui entourent cette figure obscure ? C’est donc par l’intitulé percutant « Jeunes Collectionneurs, label marketing ou redéfinition des pratiques » que Fréderic De Clercq, agent référent AXA Art a lancé, le 31 janvier dernier, la première édition de son cycle de conférences abordant les questions liées à l’évolution du secteur culturel, du marché de l’art et de leurs pratiques.
Thibault Bissirier, docteur en histoire de l'art à l'Ecole du Louvre a donc introduit la table ronde par un aperçu passionnant de sa thèse sur les "Motivations et Comportements d'acquisition des Jeunes Collectionneurs d'Art Contemporain". Qui sont-ils, qu’achètent-ils, quelle relation entretiennent-ils avec l’art et les artistes ? Thibault a abordé avec clarté et précision des problématiques fondamentales pour un marché en constante évolution à l’heure d’une diversification croissante des canaux de diffusion et de distribution des œuvres d’art contemporain :
Ces jeunes collectionneurs sont définis comme des professionnels ayant moins de 45 ans et activement engagés dans le marché de l'art. Au delà de l'Hexagone, on les retrouve en Chine, aux des Philippines, aux États-Unis, au Mexique... Beaucoup commencent jeunes, certains avec une passion intrinsèque pour les arts, tandis que d'autres sont influencés par l'implication de leurs parents dans le monde de l'art en tant que collectionneurs eux-mêmes. Le mythe selon lequel ces jeunes collectionneurs sont extrêmement nantis est une demi-vérité. Emma Hall, classée n ° 1 dans « 12 jeunes collectionneurs d'art à surveiller en 2016 », est issue d'une famille de collectionneurs alors que Mohammed Afkhami (5e rang), financier iranien et passionné d'art contemporain du Moyen-Orient, a commencé à collectionner en achetant et la vente d'œuvres d'art au prix de 300 $ à 500 $. Il est aujourd'hui l'un des plus grands collectionneurs d'art du Moyen-Orient. Les jeunes collectionneurs en général ont tendance à rechercher des œuvres d'art sous-évaluées et moins connus. En dépit d'être un investissement plus risqué, les retours peuvent être très enrichissants. La conférence a ensuite bénéficié d’un panel très diversifié de collectionneurs et acteurs du marché de l’art et du secteur culturel. Sébastien Peyret (Collectif Lumière), Nicolas Laugero-Lasserre (Artistik Rezo) et Joseph Kouli ont apporté à une audience attentive des éclaircissements sur leur vision de l’activité de collection et leur expérience en tant que collectionneurs. Hélianthe Bourdeaux-Maurin (H Gallery), Léopold Meyer (Amis du Centre Pompidou), Romane Sarfati (Manufacture nationale de Sèvres - Cité de la Céramique) nous ont offert, quant à eux, leur point de vue professionnel et leur stratégie d’adaptation à ce qui semble vraisemblablement être plus un reflet d’une société en transformation qu’un label marketing. Répondre à une demande qui dispose de nos jours de moyens technologiques ultra-performants, qui développent des structures qui contrebalancent les seuls musées, galeries, FRAC et centres d’art… Voilà qui préoccupe des acteurs qui cherchent à répondre à une envie et un besoin constant de progrès du marché de l’art. (Et on ne peut que vous rediriger vers le podcast Artactic ou l'article de Francesco Bellanca, CEO de Feral Horses, une start-up franco-londonienne permettant à notre génération d'investir dans le marché de l'art) La pertinence du panel rassemblé et de leur propos concernant la problématique ont sans aucun doute contribué au succès de « Jeunes Collectionneurs, label marketing ou redéfinition des pratiques ». Restons donc connectés pour les prochaines éditions des Tables rondes de Matignon et pour des prochaines interviews concernant les "art millennials"... ![]() Hannah Jeudy, Marie-Alix Thomas, Agathe Perreau Les commentaires sont fermés.
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